samedi 15 décembre 2012

Et une dernière de l'année: Courir pour le plasir!

Cette année était pour moi positive de tous les points de vue : réalisation de mon rêve tout d’abord : le semi marathon du lac Baïkal, la course la plus mémorable et la plus forte émotionnellement. Couru sur le lac gelé de mes terres natales avec 1300 m. de profondeur sous les pieds, amélioration considérable des chronos sur 5 km, semi et marathon, bref, que du positif ! sans compter sur cette fin d’année difficile après le marathon de Strasbourg qui m’a mis HS quand même… j’ai du mal à récupérer, à peine je commence à retrouver de bonnes sensations, je tombe et m'écorche bien les coudes mais rien de bien grave et pas plus loin que le 29 novembre dernier, j’ai décidé de partager une activité sportive avec mon mari qui venait de s’inscrire au club de rollers (ha, ha !).  Cette première s’est mal terminée, j’ai fait une chute et me suis déboîtée l’épaule droite pour la 3ème fois. Et après la 3ème fois, les médecins disent : il faut opérer, car ils considèrent que l’épaule devient instable et il faut insérer une « butée ». Cette « petite » opération prend 2-3 mois d’arrêt maladie + la rééducation… Non mais sans blague ? A peine je commence sortir la tête de l’eau et là vous voulez me noyer ?  (je fais pas du rugby quand même comme sport!)

Je vire mon bandage de bras dès le lendemain et la rééducation de l’épaule est faite par mes soins en 3 jours topchrono. Je prends le RDV avec mon médecin qui est aussi médecin de sport et commence à « pleurer » : Dooocteuuuur, ils me disent qu’il faut opérer mais zeuveuxpas_zeuxveuxfaireduspoooort… S’il n’a jamais vu de cinglés dans son cabinet c’est le moment ou jamais d’immortaliser la scène… 
Le docteur m’examine le bras, demande si j’ai déjà couru..
-         oui,  et j’ai pas mal (et c’est la vérité)
-         vous pouvez courir et l’opération vous n’êtes pas obligée de la faire de suite, ça dépendra de vos objectifs sportifs…Ha, il est drôle lui, le truc qu’il sait pas que les objectifs j’en ai toute l’année !

Et tant que j’y suis : et je peux naaager aussi ? J’ai pris le goût pour la piscine, il faut l’avouer.
-         Vous pouvez nager la brasse coulée, c’est très bien pour la rééducation de l’épaule…

Ooooh, les docteurs comme le mien je les adore, je les écoute aussi (uniquement quand ça m’arrange en fait) 

Bref, 10 jours se sont écoulées après ma chute, je suis en arrêt maladie mais tssss !
et  j’ai fait 4 sorties CAP de 40-45’ et deux séances de natation en brasse coulée… pas mal pour une blessée…
La radio n’a rien montré d’anormal…
Et là arrive la 12ème et dernière course de l'année  (10 km) à laquelle je me suis inscrite : Courir pour le plaisir, où Martine qui est en reprise, s’est proposée de servir de lièvre pour Mia et moi… Hum, hum… je vais la courir quand même cette course et zut !
On se retrouve avant le départ, notre objectif est entre 55-56’ mais on verra selon la forme…
La course est sur le chemin stabilisé, embouteillage du départ, feuilles mortes, je crains plus que tout une chute et laisse partir Mia et Martine un peu devant… puis je les rattrape… mais le chemin est très gras et boueux par endroit. Ensuite c’est Mia qui décroche légèrement, il fait froid, elle a du mal à respirer… je cumule du retard, mais Martine est là, elle m’encourage avec Pierrot, un Vincennus, j’arrive même à parler un peu… Martine me dit que si je cause que je ne suis pas encore au bout… et c’est vrai, je souffre, certes, mais je pourrais donner plus… mais pas envie de souffrir plus que ça, c’est courir pour le plaisir quand même !  Derniers 500 m., c’est là bizzarement que la boue colle le plus aux chaussures, Martine me pousse dans le dos, je lui dis de me laisser, elle me dit : ah non ! C’est ainsi qu’on franchit la ligne d’arrivée en 58’20 et Mia juste derrière nous. Merci Martine de m'avoir encouragé et poussé un peu, le mental n'était pas là à 100%.
Contente de ce dernier effort de l’année, juste après la blessure et sur le terrain pas facile… Allez, on se ressaisit et l’année prochaine je re-péte mes records, à défaut de me péter le bras. 

Je remercie Michel (Casquetterouge) et Fatiha sur les photos prises sur le parcours. Fatiha, l’année prochaine j’attends avec impatience ton retour coté coureuse, on a quelques projets à réaliser. 


 
















La journée se termine par le resto, comme d’hab, quelle belle journée, malgré ce froid…
Le plaisir juste de POUVOIR COURIR.
 

Bilan de l’année : 13 courses 
4 x 5 km.: 26'59"  amélioration de 1’ sur RP
5 x 10 km. meilleur chrono aujourd’hui
1 x 7 km. meilleure perf’ de l’année 37’34
2 semi marathons (2h5’20 amélioration de 5’ sur RP)
1 marathon  (4h55’38 amélioration de 13’ sur RP)

Mon 7ème marathon: Strasbourg et j'ai encore pleuré !


 Voilà c’était mon 7ème marathon… il m’en a fallu 6 pour passer en dessous des 5 heures ! Pas douée, la fille, mais persévérante en tout cas…
La prépa… euh … comment dire… j’enchaîne sur la prépa de 8 semaines juste après la prépa de 8 semaines pour le semi de Lille… et je me coltine la 3ème année d’affilée la prépa marathon en période très intense au boulot cad la préparation de notre congrès annuel qui aura lieu à Strasbourg cette fois. Et heureusement que je cours beaucoup parce que avec le stress du boulot et les problèmes quasi-quotidiens de transport, ça fait longtemps qu’il y aurait un meurtre qq part ! (pour la petite histoire j’ai raté les 20 km. de Paris que je comptais courir très sagement en allure marathon pour une fois !) mais non, c’est pas le destin!
J’ai donc le plaisir de découvrir la magnifique ville de Strasbourg une semaine avant le marathon.
Au menu donc : 5 heures de dodo pendant 4 nuits, le boulot à gogo et les soirées qui se terminent à 1h du mat’. Au menu proprement dit : la choucroute royale, baekoff aux 3 viandes et le menu gastronomique du Royal Palace. Tout ce qu’il faut en somme pour réussir un marathon. 

La météo et la tenue : on nous annonce la météo glaciale, bon je vais pas quand même (trop) me plaindre, je ne supporte pas la chaleur en fait (tout le monde est au courant) ! Et en période d’une semaine on passe de 22° à Strasbourg à 2° !
Je passe tout mon placard de fringues CAP en révision, on ne peut pas dire que je manque de quelque chose ! Le matin du départ je change d’avis pour la ènième fois et j’opte pour la veste Gore windstopper. Mais voilà, il faut que je change les chaussures aussi pour coordonner les couleurs… mon mari me lâche : ah ben c’est sûr, sinon ça va t’empêcher de courir… Ouais ben quoi les chaussures mauves et oranges, ça va pas avec du bleu et de tte façon les mecs ne comprennent rien ! 
 
La veille de la course la joyeuse bande arrive à Strasbourg : Mia, Ln et Aude avec leurs compagnons, Panda et moi… On va s’installer à l’hôtel et chercher nos dossards. La météo est juste exécrable : pluie mêlée à la neige, vent et 2°. Mais bon sang, qu’est-ce qui nous a pris ?

Heureusement que nos belles rencontres CAF effacent toutes ces déconvenues : le soir au resto j’ai la joie de retrouver Zazie, faire connaissance avec Béa, Cocopuce et La Trottineuse et leurs maris. Photos à l’appui.
 
Le matin de la course (soleil, ciel un peu couvert et très froid 2-3°)  nous nous dirigeons donc au Zénith à 8h00 et le départ doit être donné à 9h00. Nous avons fait 50’ de queue pour déposer nos affaires à la consigne. Vers 8h45 on nous annonce que le départ va être décalé et sera donné quand il n’y aura plus personne à la consigne. A 9h00 on est en train de déposer les sacs et là on nous annonce que finalement le départ est donné… et les personnes restantes peuvent laisser leurs sacs dans le hall : « on va s’en occuper ». C’est très, très sympa… On se dirige en courant vers le départ, le seul avantage qu’on n’a pas eu le temps de stresser, on était mis dans le bain direct ! Mia est partie avant nous, car sa maman était avec elle et elle n’avait pas de souci de dépôt de sac. Le speaker dit : c’est pas grave, vous avez encore la possibilité de faire un beau chrono en remontant du monde, c’est le passage à la ligne de départ qui compte. Je suis un peu en colère et juste envie de dire : La fermes ! 
 Donc je suis avec Ln et Hugues, Aude et Panda qui eux visent 4h30… et vu qu’il n’y a personne derrière, je vais à leur allure (9,5 km/h au lieu de 9).  La bonne blague ! D’autant plus que très rapidement on a la voiture balai au c.. ! Bon, je ne suis pas trop mal et remercie à haute voix tous les gens qui nous encouragent et là c’est Aude qui me conseille de la fermer  par risque de me cramer. Vers le 8ème km. on commence à doubler du monde, entre le 10ème et 11ème on rattrape Mia et j’ai plus de 4’ d’avance sur mon objectif… je reste avec elle en me disant que c’est ptet le temps de me calmer… Je tiendrai avec Mia 3-4 km. après je commence à ralentir légèrement et dis à Mia d’aller à son allure… on passe le pont 
et on se retrouve en Allemagne, le vent de face est juste horrible qui ne nous quittera pas pendant plusieurs km. Les larmes qui coulent à cause du vent, le nez…Par moment c’est moins fort mais ça nous poursuivra jusqu’au bout. Jusqu’au 22ème km. j’ai Mia en ligne de mire, après j’ai besoin d’une petite pause pipi. Le parcours est très « campagne » , donc pas de souci de ce coté là. Les jambes deviennent lourdes. Je prends mes gels Gü (la moitié tous les 7 km. et les pastilles de sporténine toutes les heures).  J’ai épuisé toute mon avance de 4’ au 30ème km. Mon « virtual coach » vire au noir, je change d’affichage, pas la peine de me plomber le moral, il reste 12 km. Je cours même si je sens que j’ai ralenti considérablement, au 35ème km. je suis à 8,8 km/h de moyenne et au passage sur le pont ma montre me lâche… mince. Bon ben, de toute façon là je n’en peux plus, montre ou pas montre et je cours comme je peux, les jambes pesant 1 tonne. Pas de douleurs par ailleurs, juste un épuisement (une fois de plus). Je sais juste que je peux passer sous les 5 heures mais je dois courir tout le temps… montée sur le dernier pont je marche 50 m. parce que là en fait je pense que je vais plus vite en marchant. Il reste 3 km., je suis tellement fatiguée que j’accélère, hâte que ça se termine ! Je double, je double, de tte façon étant partie devant la voiture balai, ça ne pouvait être que ça. Au 40ème je rattrape Jean-François et le tire par le bras en disant de s’accrocher… et j’accélère… seul dommage que je ne pourrai jamais savoir à quelle vitesse j’ai couru les derniers km. La ligne d’arrivée… les nerfs lâchent une fois de plus… fatigue physique et nerveuse. Les bénévoles me font asseoir  sur une chaise, ça tombe bien comme ça j’attendrai Jean-François… qui arrive 2’ après. On se félicite, on se dirige vers la sortie en récupérant nos magnifiques coupes-vent…
- C’est quelle taille que vous avez ?
-         du S. Pour une fois que ce n’est pas du XXL, je suis contente.
Nous avons croisé Béa et Cocopuce après. Les filles ont fait des super chrono, bravo !
Ensuite nous avons le repas de récup’ dans un petit resto alsacien. Le compagnon d’Aude qui s’est occupé de la logistique pendant qu’on courait. Merci !


Au menu donc : baeckoff et bière… 

Voilà… c’est fatigués mais heureux que nous rentrons à Paris. Félicitations à Ln, notre primo-marathonienne avec un joli chrono à la clé. Même pas mal, elle en fera d’autres, paraît-il !
Donc pour moi 4h55’38 , le meilleur chrono d’avant (2010) c’était 5h08’58 . Je vais m’en satisfaire…
Je ne me suis arrêtée à aucun ravito, 3 gourdes de 200cl ça ma suffit et la ceinture Ultimate direction (à scratch) n’a pas bougé du tout.
Merci encore à tous ceux qui m’ont envoyé les messages de soutien et de félicitations et à Fred qui m’a concocté le plan aux petits oignons… je suis une élève bien appliquée mais dès fois pas très sage… Peut mieux faire ! 

mardi 4 septembre 2012

Mon semi et moi

Mon histoire avec cette distance commence en 2008 avec le semi marathon de Boulogne avec un chrono de 2h18 et puis je continue sur ma lancée en m’améliorant chaque année : 2h13 en 2009 et 2h10 en 2010 sur le fameux semi de Paris où on n’a jamais pu franchir la ligne d’arrivée en courant (un énorme bouchon à 200 m de l’arrivée à cause de la zone rétrécie et enlevage des puces). Naïve j’étais de penser que je vais continuer ainsi en m’améliorant à chaque fois.
J’ai essayé 3 semi en performance depuis et je les ai tous raté (chaleur, manque de forme, manque de fer). Bref quand c’est ainsi on se demande parfois s’il n’est pas grand temps de choisir un autre loisir au lieu de s’acharner quand on n’est pas très douée…
En 2012 j’ai fixé en début d’année mes objectifs sur courtes distances (5 km.) où je pète mes chronos et atteint enfin les 11 km/h. Ensuite s’en suit le semi marathon du lac Baïkal (mon rêve) ! Mais je garde quand même dans le petit coin de ma tête de faire le semi en performance à 10 km/h et je choisis le semi marathon de Lille le 1er septembre, réputé pour son parcours plat.
Alors si vous souhaitez faire un jour le semi marathon de Lille pour la réservation de l’hôtel il faut s’y prendre dès le début de l’année car le semi marathon ouvre la Grande Braderie de Lille et c’est impossible de trouver une chambre pas très chère si on s’y prend tard…
Voilà mon objectif de l’année est fixé assez tôt.
Sauf qu’au retour du lac Baïkal ma forme part de nouveau clairement à la baisse, les sensations ne sont pas bonnes ; les 2 dix km. que j’ai fait, je passe à peine sous la barre d’une heure et explosée à l’arrivée. Dans ces conditions c’est mort pour me fixer l’objectif de 10 km/h sur le semi marathon.

Alors le plan d’attaque dès le début juillet :

  1. Plan d’entraînement demandé  à Marathonnerre (merci Fred !).
  2. Alimentation (3 kg. que j’ai pris et que je traîne depuis un moment) ne sont guère nécessaires… (perdus vers la fin de la prépa)
  3. Gainage  - affûtage (cette année je passe mes vacances dans un endroit paradisiaque à Villepinte-les-Bains, situé seulement à 10 km. de l’aéroport Charles-de-Gaulle et doté d’une piscine municipale)
Pour celles qui  doutent des bénéfices de la natation sur la course à pied, pour moi ils sont incontestables : ça travaille des abdos et le haut du corps, ce qui est indispensable pour maintenir la bonne posture en course à pied (mon gros défaut, jusqu’au là!)
Tout ceci accompagné d’une supplémentation en fer (dans la norme mais à la fourchette basse selon mon médecin).
Et ben… il y a du boulot !
A réception du plan début juillet je saute dessus et ne calcule même pas le nombre de semaines qu’il reste jusqu’à la fin août. Résultat : il me reste deux semaines à combler. Pas grave, on va faire les semaines 5 et 6 « bis répétita ». Non mais je vous jure…
Au fur et au mesure de mes entraînements ma vitesse en endurance a augmenté de 0,7 km/h et à la fin de mon plan un miracle se produisit : pour la 1ère fois de ma vie de coureuse depuis 2007 j’ai atteint les 8 km/h en endurance !  Wahou ! Je sabre le champagne de suite ou j’attends de voir le résultat du semi ? Je vais attendre le résultat du semi, lol.
Mais comme le tableau était trop beau, il faut bien une ombre  : la semaine qui précède est catastrophique : j’ai mes soucis féminins et en plus un abcès à une dent à 3 jours du semi.
Je cherche un dentiste en urgence et tombe sur un bel escroc qui veut me refaire toutes mes dents et commencer de préférence là de suite pour une somme modique de 8500 Euros.  J’aurai pu vous raconter l’histoire complète mais je crains que le CR soit beaucoup trop long.
Bref j’ai eu mon ordonnance pour les antibiotiques et partie de chez lui en courant.

Arrivée à Lille le vendredi après midi avec ma copine Ralissa. On dépose les affaires à l’hôtel et on va retirer nos dossards et ensuite nous promener dans le Vieux Lille. C’est très, très joli le Vieux Lille.

Au retour à l’hôtel je suis littéralement claquée et les poches sous les yeux. Autant dire que je ne suis pas du tout sûre de la réussite.
Le matin de la course la météo est juste idéale : il fait frais, le grand soleil, juste ce qu’il me faut.

Un parfait inconnu a voulu être sur la photo avec nous
Ma copine Ralissa ne se prend pas la tête avec les chronos, elle est une coureuse un peu plus rapide que moi et court toujours aux sensations et selon la forme du jour…
Le départ est donné et je me sens « dans le coton » (effet antibio ?). Un peu comme ça:

Mais les jambes répondent et le souffle est régulier et pas court.
Au 2ème km. je suis rattrapée par Sandra (Runsk) qui me tape dans l’épaule. Heureuse de la voir, j’adore ces rencontres CAF en pleine course. Elle me demande si ça va. Ben oui, on est au 2ème km. pour l’instant tout va bien… 10ème km. toujours dans le coton, mais toujours « presque facile ». Une partie du parcours passe par le Vieux Lille avec les bradeux qui attendent l’ouverture, coincés par les rubans… Certains applaudissent, d’autres doivent nous maudire… mais le cadre est superbe… 15ème km. : j’ai toujours 20-25 sec. D’avance sur mon objectif de 2h6’36 , je me demande quand est ce que je vais commencer à la perdre… mais je tiens toujours et même augmente un peu l’avance. Au 18ème km. je rattrape ma copine Ralissa et je m’accroche même si ça commence à devenir un peu plus dur… Les derniers km. sont fait au mental (vous savez : tu débranches le cerveau et tu avances).  Je trouve même des forces pour accélerer : le 21ème à 10,5 km/h et les derniers 500 m. à 11 km/h.  La distance faisait 21,51 km.
Je franchis la ligne un peu épuisée mais heureuse ! Donc je l’ai fait à 10,1 km/h en 2h5’20 mais la distance n’était pas exacte et j’ai un 2h8 à ma montre (et chrono réel). Je m’en fous de ce détail, j’ai réussi, point !

Une bière Chti 50 cl. Pour fêter ça en attendant d’ouvrir le champagne ! A la votre !

Merci à vous tous pour votre soutien, ceux qui m’ont encouragé et envoyé les messages de félicitations,  merci à Marathonnerre pour son super plan  (et merci à moi-même pour mon sérieux).
Bon c’est pas tout ça, j’ai la prépa pour le marathon de Strasbourg à démarrer…avec l'espoir de passer sous la barre des 5 heures pour le 7ème!  Au boulot !

dimanche 3 juin 2012

Baïkal International Ice half marathon : le retour aux sources.


Je me rappellerai toute ma vie du jour où j’ai appris l’existence du marathon du lac Baïkal : c’était le 30 août 2009 quand Gilles me ramenait de mon 1er trail (dans un état assez pitoyable d’ailleurs…). En faisant plus ample connaissance je raconte à Gilles que je suis originaire d’Irkoutsk, à 60 km. du lac Baïkal. Gilles me dit alors qu’il existe le marathon du lac Baïkal qui se court sur la glace, 42 km. d’une rive à l’autre.
Quoi ? Comment ? Cette course existe là bas et je ne le sais même pas ?
Oui, c’est ici que j’ai passé 2 tiers de ma vie ; je suis née, j’ai grandi, fait mes études ; eu la chance extraordinaire en tant qu’interprète d’accompagner en septembre 1990 l’équipe française de MC4 qui tournait le film sur l’expédition de Nicolas Vanier et traverser le lac Baïkal sur un petit bateau du sud au nord (environ 600 km.) et ensuite en novembre pendant leur préparation de l’étape chiens en traîneau.
C’est ici aussi que j’ai rencontré l’homme de ma vie qui est venu à l’époque faire une expédition en motoneiges. Je l’ai suivi il y a quinze ans  en partant pour toujours en France et laissant derrière moi amis et famille.
Bref si je ne devais faire qu’une course dans ma vie (ce qui me tient à cœur  maintenant) c’est bien ici. Seulement passer du rêve à la réalité, même si c’est votre patrie, n’est pas évident dès fois.
En 2009 je me retrouve au chômage, il faut trouver du travail, travailler suffisamment pour avoir les vacances et les obtenir à la période voulue, beaucoup de pièces du puzzle pas faciles à réunir. Mais comme diraient certains, quand j’ai quelque chose dans la tête, je ne l’ai pas ailleurs.

Enfin je peux envisager ça pour le 3 mars 2012. 
C’est là que je commence à m’intéresser de plus près aux conditions, éplucher les photos, vidéos et articles que je trouve sur le net. 
Oh my good, malgré la facilité apparente ce n’est pas facile du tout. Malgré l’absence du dénivelé tant positif que négatif, ce marathon se court par températures de 0 à -15°, vent très fort probable (qui vous gèle et cloue sur place). Surface : neige damée mais parfois profonde (comme l’année dernière où les concurrents ont couru les 1ers 7 km. dans 30 cm. de neige dus à la tempête de la veille) et parfois glace non couverte de neige : la patinoire.
Vu mes capacités de tortue, de longues tergiversations commencent : pourrai ? pourrai pas ?
Bien m’en a pris de mettre mon nez dans les bases d’athlé de la FFA pour voir les chronos de quelques français et voir leurs résultats en France et ici. Wahou ! 4h00-4h15 en France et 6 heures ici ! Je doute fortement qu’ils mettent 6h00 rien que que pour la beauté du paysage… Il faut me rendre à l’évidence qu’avec mes + de 5h00 aux marathons, c’est presque de l’utopie. Et je ne veux absolument pas être ramassée par un overcraft ou un motoneige balai (aussi exotiques qu’ils soient, ces moyens de transport), lol ou être classée hors délai. Pas sur cette course là.
Je choisis finalement la décision « sage » : le semi marathon.

D’autant plus qu’ils sont très marrants les organisateurs russes : temps limite semi : 4h00, temps limite marathon : 6h00. Serait-ce pour permettre aux « plus faibles » de terminer au moins le semi tant bien que mal ? Suspect tout ça…

Le 26 février à 5h50 du matin, après environ 12 heures de voyage, l’avion me dépose sur le sol natal (la dernière fois date de 4 ans et ½).


J’ai beau ne pas être nostalgique pour un sou, à chaque fois les larmes me montent aux yeux : les souvenirs remontent en pagaille à la surface, c’est dur de trouver ma maman de plus en plus vieillie à chaque fois ; surprenant de trouver la ville incroyablement changée à chaque fois, rentrer chez moi et… ne plus me sentir chez moi… Bref…

J’ai pu faire mon 1er entraînement de rando-course mardi sur l’immense baie de l’Angara, crée par la centrale hydroélectrique en 1957. 
Quand je pars, la météo est clémente, il fait -10° avec du soleil et je n’ai pas froid. Je cours d’abord sur la route de glace, la neige est damée par les voitures, c’est facile. En ce moment je regretterais presque de pas être inscrite sur le marathon. Ensuite je quitte la route damée et essaye de courir dans la neige qui paraît dure au 1er abord. Les pieds s’enfoncent jusqu’aux chevilles. Sur le chemin de retour se lève le vent et une tempête de neige. Je lève ma cagoule sur le nez mais les lunettes se remplissent de buée. Là je déchante vite fait : si la météo est ainsi au lac Baïkal, rien que terminer le semi ne va pas être une mince affaire.

Le vendredi 2 mars vers midi, avec ma maman, on va à Listvyanka, le village situé au bord du lac Baïkal, à 60 km. d’Irkoutsk, pas loin de l’embouchure de l’Angara.
Nous nous payons le luxe d’être logées dans un superbe hôtel face au lac Baïkal, dans une chambre avec la vue sur le lac.
Je vais alors faire mon 2nd mini-entraînement. Le temps est superbe, environ -10°, plein soleil, mais de nouveau un vent glacial. Rien que sortir l’appareil photo et les mains gèlent de suite et le froid pince les cuisses à cause du vent malgré le collant coldwinner. Je  crois que demain j’aurai pour mon compte.

Avant de me rendre à la remise des dossards, je consulte la liste des coureurs : environ 130, beaucoup plus que les éditions précédentes. 20 femmes engagées sur le semi contre 5 l’année dernière et 5 sur le marathon contre 2 l’année dernière. Je pense que je peux oublier mes espoirs du podium,  Et si ça continue comme ça, bientôt il faudra se prendre pour les inscriptions plusieurs années à l’avance, comme pour le marathon de l’Antarctique.
Cette année, les organisateurs ont crée pour la 1ère fois les catégories par âge : nés avant 1961 : séniors et après 1961 : juniors. C’est très flatteur de me retrouver dans la catégorie « juniors ».
A 17h00 dans la salle de conférence de l’hôtel, le briefing par le directeur du marathon sur les difficultés du  parcours et la remise des dossards.. La grande difficulté pour les organisateurs étant de tracer le parcours qui peut être modifié la veille. La zone est hautement séismique et il y a les mini tremblements tous les jours ce qui crée les fissures imprévues et parfois très larges.
1ère difficulté : 1,5 km. au début : neige profonde par endroit et beaucoup de glace non couverte de neige. 2 autres difficultés sont pour les marathoniens.
Km 32 : fissure assez importante dans la glace, présence d’un sauveteur pour aider à cet endroit. Ensuite sur quelques centaines de mètres « pancake ice » des croûtes de glace se forment en surface, très dangereux en cas de chute. Sinon pour le reste pas de difficultés majeurs. Le directeur précise même que les yatrax ne sont pas vraiment nécessaires parce que peu de glace « ouverte » et la neige est damée.
Je fais connaissance avec 2 français et 1 canadien, 2 coureuses russes et Vassily, 63 ans : Forrest Gump russe qui a fait le tour du monde à pied : 40 000 km.

La nuit avant la course est très agitée : d’abord je ne peux pas m’endormir et ensuite je me réveille toutes les heures.

Le matin 3 mars, le rassemblement des coureurs à 8h30 dans le hall de l’hôtel. Les coureurs venus du monde entier : Grande Bretagne, Etats Unis, France, Allemagne, Australie, Chine, Japon, en tout 21 pays.
Dehors le soleil n’est pas encore présent et la température est de -22°, ça ne donne pas vraiment envie de mettre le nez dehors. Vers 9h45 nous nous dirigeons vers la ligne de départ, le soleil commence à réchauffer et il fait environ -15°. 


Mon équipement :
pour la tête la cagoule et le bonnet odlo, le corps : 2 couches : maillot coldwinner et la veste akkamak (conçues spécialement pour courir par grand froid) en bas 2 couches : collant fin skin et collant akkamak ; gants windstopper northface.
Le départ est donné environ à 10h00. dans toute cette effervescence j’oublie de démarrer mon Garmin, l’avantage que dans ce désert glacial les satellites sont captées presque de suite. Le départ comme prévu n’est pas évident, il faut faire très attention, les plus rapides sont déjà loin et le long serpent des coureurs se dessine sur la glace.. 

Mes pulsations sont au plafond pour une petite vitesse, 1er km. à 7,5 km/h, l’excitation du départ, je peine à croire que je suis enfin là, ou le cardio qui déconne, peu  importe. Ensuite je « lâche les chevaux » et parviens à faire qqs kms à l’allure marathon (8,5-8,6 km/h) avec le cardio comme à l’allure semi.

La neige et la glace scintillent de mille feux telles les diamants mais avec une telle luminosité ça ne se voit absolument pas sur les photos, ni les vidéos.

Je mets ma cagoule sur le nez mais les lunettes se remplissent de buée (anti-buée pourtant !). Alors j’ai le choix : soit enlever mes lunettes et me péter les yeux, soit baisser la cagoule et respirer de l’air froid. Je choisis la deuxième solution. J’ai bien chaud d’ailleurs.

Pas question de mettre la musique dans les oreilles : je ne veux écouter que ce silence et le crissement de la neige sous les pieds. Une concurrente me talonne pendant quelques km. mais non, je ne céderai ma place, même si le paysage est grandiose, je suis en compétition ici.
Par moments les overcrafts passent sur les côtés, en avançant dès fois « en crabe », les motoneiges et les minibus qui roulent à toute vitesse sur la glace. Le 1er ravito est environ au 8ème km. : eau, thé, noix, fruits secs et les pâtes de fruits absolument délicieuses. Jusqu’au 12ème km. j’arrive à maintenir la vitesse moyenne de 8,0 km/h, ensuite beaucoup moins mes mes puls sont aux alentours de 170, je suis fatiguée, courir sur la neige, même damée, est difficile. Avec la fatigue l’attention doit être permanente pour ne pas glisser ou ne pas buter sur la neige entassée sur les côtés ou au milieu.

Km. 15 2ème ravito : les bénévoles me parlent en anglais, je leur dis qu’ils peuvent me parler en russe 
Euh, vous êtes habillée…
Euh, comment ? Comme une étrangère ?
Oui…
Ah ben voilà la meilleure : dans mon propre pays je suis prise pour une étrangère.
Vers le 18ème km. je rattrape 2 hommes qui marchent, dont 1 qui boîte : argh, s’ils sont engagés sur le marathon, ils sont mal, mais au moins ils termineront le semi. Quant à moi, je commence à ressentir une légère douleur à la hanche.

Il est vrai que la difficulté de ce marathon est aussi psychologique : dès le début vous voyez la ligne d’arrivée : la chaîne de montagnes qui paraît à la portée de main mais où que vous soyez : au km. 10, 15 ou au semi, vous avez l’impression d’être au même endroit et l’arrivée ne se rapproche pas d’un yota.
Enfin de loin je vois les overcrafts et les gens minuscules : l’arrivée approche. Vassily (Forrest Gump local) m’attend, m’encourage : bravo ! davaï, davaï ! Il reste 100 m. Fonces !


Je foooonce ! Le jury à l’arrivée annonce et note le temps 2h42 et les poussières (2h43 finalement).

Les marathoniens continuent leur chemin.

Ravito, photos, quelques minutes de récupération et je me pose dans un overcraft. Il y avait la possibilité d’être ramenée en mini bus mais je veux prendre le moyen de transport que je n’ai jamais encore essayé !

En 25 min. environ nous sommes rapatriés à Listvyanka.

A l’hôtel je suis attendue par ma maman et ma cousine qui est venue nous rejoindre. Elles sont mortes de rire : j’ai des traces de lunettes autour des yeux : même ici les coups de soleil me poursuivent !
Douche, un peu de repos, petite promenade avant la cérémonie des récompenses qui débutera à 18h00.
Les discours personnalisés pour ceux qui ont fait le podium. La première féminine, une australienne a bouclé le marathon en 3h45. Elle a un sourire magnifique.

Ensuite ça va beaucoup plus vite mais chacun a droit à la remise de médaille et du diplôme par le directeur du marathon.
-         Missis Tatiana Donars !                                              




Quelques mots échangés (par ailleurs je suis déjà fichée ici, le directeur me demande : c’est votre maman qui nous a souvent appelé ?). Je lui dis qu’un jour j’essayerai de revenir sur marathon.
Un jour… Peut être… peut être pas. Ce n’est vraiment pas important, j’ai accompli mon rêve de courir sur mes terres natales, ce lac majestueux et c’était le bonheur à l’état pur. J’ai vécu une aventure extraordinaire.



J’avais 3 objectifs pour ce semi : 
  1. En prendre plein les mirettes
  2. Le faire tout en courant
  3. Terminer en moins de 3h00
J'ai rempli les 3!

Le soir repas de récup en compagnie de mes proches avec de l’omoul fumé (poisson qu’on trouve exclusivement dans le lac Baïkal) et la traditionnelle bière et il va sans dire que j’ai dormi avec ma médaille !














Vidéo: